Instantané N° 50 décembre 2008

Glycopeptide antigel

Les poissons des eaux polaires ne connaissent qu’une seule saison : l’hiver. Les températures y sont glaciales et peuvent atteindre -2°C ! A cette température, l’eau de mer reste liquide grâce à sa forte teneur en sel. Cependant le sang des poissons est loin d’être aussi ‘salé’.Quelle parade ont-ils trouvé pour ne pas se figer de froid ? En Antarctique, les notothénioïdes surnommés "poissons des glaces" ont développé des moyens très sophistiqués pour vivre dans des conditions extrêmes. Et pour que les fluides circulant dans leur corps ne se transforment pas en glace, ils produisent des protéines aux propriétés étonnantes : les glycopeptides antigel.

Les glycopeptides antigel ne sont pas exclusivement présentes dans le sang des poissons. Elles sont diffusées partout dans l’organisme et protègent les cellules des cristaux qui les feraient éclater. Comment fonctionnent de telles protéines antigel ? Elles empêchent les cristaux de glace naissants de grossir. Pour agir, elles bénéficient d’une structure particulière : la succession de trois acides aminés (thréonine-alanine (ou proline)-alanine) répétée un grand nombre de fois. Et sur chaque thréonine se greffe une molécule de sucre, ce qui confère aux protéines une certaine affinité pour les molécules d’eau. Les glycopeptides antigel se sentent irrésistiblement attirées par les molécules d’eau prises dans le cristal de glace balbutiant. Elles se positionnent alors de telle sorte qu’une seule face de la protéine interagisse avec la glace. De ce fait, le cristal recouvert d’antigel ne peut ‘recruter’ des molécules d’eau supplémentaires et sa croissance est interrompue.

Les glycopeptides antigel sont des antigels extrêmement puissants. Ces substances pourraient être utilisées pour améliorer la conservation de tissus humains. Cela pourrait concerner le sperme par exemple. En effet, lors du processus de congélation, le tiers est perdu ! Ce genre d’antigel pourrait aider à sauver une plus grande fraction. Les protéines antigel seraient également utiles pour conserver les organes, qui ne survivent que quelques heures hors du corps et qui doivent fréquemment faire de longs voyages, avant de les transplanter.

  • Ice-structuring glycoprotein, Notothenia coriiceps neglecta (Yellowbelly rockcod) : P24856