Instantané N° 35 juin 2007

FATSO

Il était une fois une protéine au nom prémonitoire… Peu avant l’avènement du nouveau millénaire, l’étude de souris aux orteils fusionnés a conduit à la découverte d’un gène baptisé Ft (pour "fused toe", ce qui signifie "orteil fusionné"). Une mutation dans le gène Ft interrompait l’activité de plusieurs autres gènes. L’un d’entre eux était particulièrement grand, d’où son nom "Fatso", c’est-à-dire "grassouillet".

Près de dix ans après sa découverte, deux laboratoires ont montré que le gène FATSO de l’homme était impliqué dans le développement de l’obésité chez l’enfant et l’adulte… Qu’un gène joue un rôle d’une manière ou d’une autre dans l’obésité n’est pas en soi un scoop. On connaît depuis quelque temps déjà plusieurs protéines liées à l’excès de poids. Ce qui distingue FATSO des autres acteurs est que l’on a pu démontrer qu’il existe un lien direct entre les individus qui portent une mutation dans ce gène et une prédisposition à l’obésité.

Des études effectuées sur des milliers de personnes – minces ou obèses – ont montré que les porteurs d’un variant particulier de FATSO ont deux fois plus de (mal)chance d’être obèses que ceux qui ont une copie "normale" de ce gène, et pèsent en moyenne 3 kg de plus. De plus, les porteurs de deux copies de ce même variant ont 22% de chance d’être en surpoids.

Bien que l’association entre la protéine fatso et l’accumulation de graisse soit bien documentée, la fonction de la protéine et sa structure 3D ne sont pas connues et on ignore comment elle conduit au surpoids. Cependant le lien direct entre ce gène et l’obésité nous oblige à prendre FATSO au sérieux. En effet, l’obésité n’est pas simplement au cœur d’un problème esthétique qui fluctue au gré du temps et des modes. Elle est surtout à l’origine de nombreuses maladies, comme les maladies cardio-vasculaires, certaines formes de diabète et même certains cancers. Et des millions de personnes en souffrent de par le monde.

  • Protein fatso, Homo sapiens (humain): Q9C0B1