Instantané N° 4 octobre 2004

PSC-RANTES

En matière de protection contre le SIDA, le préservatif est peut-être en passe d’être détrôné. A l’avenir, une protéine pourrait bien remplacer le latex pour se protéger contre ce virus. Mais pas une protéine ordinaire : une protéine synthétique, créée artificiellement dans un laboratoire de l’Université de Genève : la PSC-RANTES.

La PSC-RANTES est dérivée d’une protéine humaine, la RANTES qui est produite naturellement dans notre corps en petite quantité. Quand on se blesse par exemple, cette protéine « stimule » les globules blancs à se mobiliser contre une éventuelle infection. Pour cela, elle se fixe à la surface du globule blanc en s’accrochant à un récepteur, le CCR5.

Mais voilà, depuis 1996, on sait que le virus du SIDA (VIH) utilise justement ce récepteur CCR5 pour pouvoir infecter les cellules de notre système immunitaire. Quand la protéine RANTES se fixe sur le récepteur, le VIH ne peut pas pénétrer dans la cellule. Pourtant, à l’état normal, la RANTES n’est pas assez forte pour combattre efficacement le virus. C’est pourquoi depuis 1997, l’équipe du Prof. Robin Offord et du Dr Oliver Hartley du Département de biologie structurale et bioinformatique de la Faculté de Médecine de Genève planchaient sur le moyen de rendre cette protéine plus efficace en modifiant sa structure.

C’est maintenant chose faite : en modifiant chimiquement seulement trois acides aminés de la protéine originale est née la PSC-RANTES, qui est capable de bloquer l’infection par le virus du SIDA, mais - pour l’instant - uniquement chez les macaques, l’expérimentation n’ayant pas encore été faite chez l’homme.

Ou plutôt chez la femme, car la particularité de cette protéine est de pouvoir être utilisée comme « microbicide », c’est-à-dire une substance qui sous forme de mousse ou de crème peut être appliquée sur les muqueuses des organes génitaux. Si ce produit se commercialise, il s’adressera donc avant tout aux femmes, qui ne dépendront alors plus des hommes qui rechignent encore souvent à se protéger. En outre, la PSC-RANTES n’empêche pas la procréation ce que beaucoup de cultures reprochent au préservatif. Ce produit pourrait donc jouer un rôle crucial dans les pays en voie de développement où se concentre la majeure partie de l’épidémie de SIDA, et où les femmes - qui n’ont souvent pas leur mot à dire en ce qui concerne leur sexualité - sont plus exposées à la maladie que les hommes.

La PSC-RANTES semble incroyablement puissante: si l’on jetait quelques poignées de ce produit dans le volume d’eau d’une piscine olympique, une goutte de cette solution empêcherait la transmission du virus à des cellules placées dans une éprouvette ! Par conséquent, s’il devient possible d’obtenir la même puissance in vivo, c’est-à-dire sur des humains (et non plus des macaques), le coût de ce produit dans une crème serait quasiment nul. Mais l’industrie du préservatif ne serait pas en danger pour autant, car pour se protéger à la fois des bébés et des maladies sexuellement transmissibles, on a encore rien inventé de mieux.

  • T-cell specific RANTES protein, Homo sapiens (humain): P13501